Mariages forcés
Une pratique qui viole droits fondamentaux et la dignité humaine
Les mariages forcés sont une pratique largement considérée comme violant les droits fondamentaux et la dignité humaine. Dans la plupart des sociétés et des systèmes juridiques modernes, les mariages forcés sont illégaux et condamnés.
La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), adoptée en 1979 par l'Assemblée générale des Nations Unies, est souvent considérée comme la « charte des droits des femmes ». Elle exige que les États parties prennent des mesures pour éliminer la discrimination à l'égard des femmes, y compris les pratiques de mariage forcés. Et la Convention relative aux droits de l'enfant (CDE) adoptée en 1989, stipule que les États doivent protéger les enfants contre toutes les formes de violence, y compris les mariages forcés.
Une étude de l’Université libre de Bruxelles (ULB) réalisée en 2013 rapporte que si les mariages arrangés à Bruxelles concernent deux types de populations – les groupes d’origine immigrée et la haute bourgeoisie, on ne dispose pas de statistiques précises n’existent pas tant le problème relève du secret familial et de l’intime. Les victimes ne rapportent que très rarement les faits aux autorités ou aux associations. Essentiellement à cause de la peur, de la honte ou encore de la loyauté envers la famille…
Les professionnels du secteur qui accueillent et protègent les mineurs victimes de la traite des êtres humains, de trafic et de violences liées à l’honneur notent que les mariages forcés de jeunes filles mineures sont un phénomène qui tend à s’accélérer l’été. Et aussi que les nationalités des mineures victimes de mariage forcé sont très variées :beaucoup de Syriennes mais aussi des Turques, des Tchétchènes, des Pakistanaises, des Marocaines, des Serbes, des Roumaines, des Macédoniennes, des Irakiennes… Sur les 29 derniers cas comptabilisés sur les trois dernières années en Belgique, on compte quinze nationalités au total.
Remarques le plus souvent entendues concernant les mariages forcés
C'est une pratique qui est ancrée dans des traditions culturelles et religieuses séculaires, et est donc un moyen de préserver l'identité culturelle et les coutumes d'une communauté.
Les droits humains sont universels et inaliénables, ce qui signifie qu'ils s'appliquent à tous les individus, indépendamment de leur culture ou de leur religion. Les droits humains comprennent le droit à la vie, à la liberté, à la sécurité personnelle, à l'égalité entre les sexes, et le droit de ne pas être soumis à la torture ou à des traitements cruels, inhumains ou dégradants. Les mariages forcés violent ces droits fondamentaux et ne peuvent pas être justifiés par des arguments culturels ou religieux.
Les sociétés évoluent avec le temps, et certaines pratiques traditionnelles peuvent devenir obsolètes ou incompatibles avec les valeurs contemporaines. Les mariages forcés sont associés à des inégalités de genre et à des pratiques discriminatoires qui ne sont plus acceptables dans les sociétés modernes.
Les mariages forcés aident à assurer une stabilité économique, en combinant les ressources et la richesse de deux familles.
Il est important de rappeler que la stabilité économique ne devrait jamais être recherchée au détriment des droits humains fondamentaux et de la dignité des individus concernés. Les mariages forcés violent les droits fondamentaux des individus, en particulier leur droit au libre choix du conjoint et leur droit au consentement éclairé. Ils sont une forme de coercition et de contrainte qui ne respecte pas l'autonomie des personnes impliquées.
Les mariages forcés ne garantissent pas nécessairement la stabilité à long terme des familles et des communautés. En encourageant l'éducation, l'autonomisation des femmes et la réduction des inégalités, les communautés peuvent réaliser un développement plus durable et équitable.
De nombreux mariages forcés finissent par devenir des mariages heureux.
Dans certaines situations, des mariages forcés peuvent éventuellement évoluer vers des relations qui semblent heureuses en apparence. Certaines jeunes femmes peuvent se sentir contraintes de montrer une apparence de bonheur en public, car elles craignent la stigmatisation sociale ou les conséquences négatives si elles révèlent leur malaise ou leur malheur dans le mariage.
Les mariages forcés entraînent souvent des tensions, des conflits et des violences domestiques au sein du couple, en raison de l'absence de consentement mutuel et du manque de fondement émotionnel et affectif dans la relation. Le mariage forcé et la violence conjugale sont souvent étroitement liés, car les deux comportent des aspects de coercition, de contrôle et de manque de consentement dans la relation. Ils peuvent aussi avoir des conséquences graves sur la santé mentale et émotionnelle des individus forcés de se marier contre leur volonté qui font alors face à la dépression, à l'anxiété et à un sentiment d'impuissance face à leur propre vie.
Dans certaines régions du monde, le mariage, fût-il forcé, est la seule issue viable pour les femmes.
Il est essentiel de reconnaître que certaines femmes dans certaines régions du monde peuvent être confrontées à des situations socio-économiques difficiles et à des contraintes culturelles qui limitent leurs options de vie. Cependant, la réponse à cette réalité ne réside pas dans la légitimation du mariage forcé, mais plutôt dans l'identification et la mise en œuvre de solutions plus respectueuses des droits humains et de l'égalité des sexes.
Les mariages forcés sont souvent associés à des inégalités de genre profondément enracinées. En promouvant l'égalité entre les sexes et en déconstruisant les stéréotypes de genre, on crée des sociétés plus justes et plus équitables où les femmes peuvent réaliser leur plein potentiel.
S'attaquer au problème des mariages forcés est extrêmement difficile voire impossible tant cette pratique est ancrée dans la tradition des communautés qui les pratiquent.
Le rôle des États dans l'élimination des mariages forcés est essentiel pour protéger les droits fondamentaux des individus et promouvoir l'égalité des sexes. Les États devraient adopter des lois claires et solides interdisant les mariages forcés. Ces lois devraient définir clairement ce qu'est un mariage forcé, établir des peines dissuasives pour les contrevenants et fournir des recours juridiques et des mécanismes de protection pour les victimes. La lutte contre les mariages forcés nécessite une coopération internationale.
Les États devraient également mettre en place des services de protection et de soutien pour les victimes de mariages forcés, y compris des abris d'urgence, des lignes d'assistance téléphonique, des services de conseil et de réadaptation.
Les États devraient intégrer la lutte contre les mariages forcés dans leurs politiques nationales, en mettant en place des programmes spécifiques visant à éradiquer cette pratique et à promouvoir l'égalité des sexes. Mais ils devraient aussi, et c'est essentiel, collaborer avec des organisations internationales, des ONG et d'autres pays pour partager les bonnes pratiques, coordonner les efforts et échanger des informations sur la lutte contre cette pratique.
Les mariages forcés peuvent renforcer les liens familiaux et contribuer à l'unité des familles et des communautés.
Les mariages forcés violent le droit fondamental au consentement libre et éclairé. Plutôt que de renforcer les liens familiaux ils minent au contraire la confiance entre les membres de la famille et de la communauté, car cela implique souvent que les parents ou les proches prennent une décision importante à la place de l'individu concerné. Cela conduit à des conflits et à des ressentiments à l'avenir.